A propos de la grève des contrôleurs du ciel…
18 juin 2000 / A la unePapier de Michel Polacco diffusé sur France Info le 26 juin 2000
Sur le fond, c’est tout le problème du service public qui est posé pour le contrôle aérien.
Pour l’heure, eu Europe, sauf en Grande Bretagne, ce sont les Administrations qui assurent ce service. Service qui n’est pas gratuit et est même générateur de fortes recettes dont l’excédent finance souvent d’autres activités des Administrations.
Trop cher et pas assez efficace estiment les compagnies aériennes qui demandent à l’Europe de changer l’organisation, séparer la coordination, (le contrôle), du régulateur, l’Administration d’Etat qui édicte les règles et veille en bout de chaîne à leur respect.
Ainsi, une agence regroupant les contrôleurs, dans une entité publique ou privée est implicite dans le projet européen.
Non, répliquent les contrôleurs français, ce serait la première étape vers une privatisation, cela signifierait à terme privilégier productivité sur sécurité, rentabilité immédiate ou baisse des prestations pour les compagnies au détriment de l’investissement à long terme.
Il est vrai que la litanie des retards est pour une bonne part mise sur le compte des contrôleurs, alors qu’il faut reconnaître qu’en dix ans le trafic contrôlé a doublé, ce qui est gigantesque. Et les retards diminuent même. En deux ans, avec + 15 % de trafic, le chiffre des retards est resté au même niveau.
Douloureux débat donc, dans lequel les Administrations impuissantes essayent de faire édicter par la commission européenne des règles qu’elles n’osent pas appliquer, seules, et où les contrôleurs très puissants et déterminés rappellent, à l’occasion d’une grève massive mais pas trop proche des grands départs d’été, qu’ils n’ont rien perdu de leur combativité même si depuis près de dix ans ils ont rarement fait parler d’eux.