Adieu à Henri Perrier
14 mai 2012 / A la uneIl nous a quittés alors qu’après une superbe carrière dans l’aviation, et après avoir été la mémoire du Concorde dont il fut le chef ingénieur navigant d’essais, un procès l’avait mis en cause de manière injuste et incohérente.
C’était une encyclopédie une mémoire une intelligence et un grand cÅ“ur. Comme il a été maltraité par la soi disant justice de notre pays. Il n’y a pas que dans la presse qu’il y a des chiens !
Je cite Pierre Sparacco, mon confrère d’Aéromorning News :
« Un Airbus A380 a fait deux passages à basse altitude, samedi, au-dessus de Saint-Jouvent, dans la Haute-Vienne. Les mille six cents habitants n’en ont probablement pas cru leurs yeux, à l’exception de ceux, sans doute nombreux, qui savent que la famille Perrier est originaire de ce beau village situé sur la rive gauche de la Glane.
Airbus a ainsi salué, avec panache et élégance, la mémoire d’Henri Perrier dont les obsèques avaient lieu ce jour-là , dans le recueillement, la communauté des essais en vol, très largement représentée, témoignant ainsi de son profond respect pour le disparu et de sa remarquable cohésion. Ils étaient nombreux, grands anciens mais aussi navigants en activité, venu rendre un dernier hommage à l’un des leur, illustrant dignement une fierté d’appartenance à un corps d’élite.
On ne citera aucun nom, tant l’énumération serait longue. Mais on dira quand même qu’au-delà des pilotes et ingénieurs navigants d’essais, à côté de ceux qui bénéficient d’une grande notoriété, il y avait aussi des hommes discrets autant qu’indispensables, qui ont tenu leur rôle dans la saga d’un demi-siècle d’aéronautique française et européenne. Du Vautour à Concorde, en passant par Caravelle et beaucoup d’autres, les hélicoptères, etc. Ce fut un moment magique, comme il s’en produit rarement, le dernier cadeau d’Henri Perrier à ses collègues et amis, peut-être le plus précieux.
L’Aviation, celle avec un grand «A», nous a opportunément rappelé qu’elle a conservé contre vents et marées l’esprit qui lui a été insufflé par les pionniers, un esprit incroyablement sympathique et, par moments, n’ayons pas peur du mot, chevaleresque. Il n’était même pas utile d’échanger de quelconques commentaires en regardant autour de soi, en admirant les virages majestueux de l’A380 dans le soleil du Limousin. Il y eut à cet instant une extraordinaire communion de pensée, d’une rare intensité, le bonheur de toutes les personnes présentes d’appartenir à cette belle et grande famille.
Plus tard dans la journée, les échanges de vues ont tout naturellement repris leurs droits et, l’instant magique étant passé, inévitablement, il a été question du procès en appel de l’accident du Concorde d’Air France de juillet 2000. Un procès qui se déroule en ce moment à Versailles et auquel ont cruellement manqué l’éclairage de chaque instant d’Henri Perrier et sa connaissance exceptionnelle de l’avion supersonique franco-britannique. On ne dira jamais assez que ce procès, inutile mais inévitable pour respecter la loi, sans enseignements d’une quelconque utilité, a tristement obscurci les derniers mois de vie d’Henri Perrier. Il en a profondément souffert, courageusement, en silence, alors qu’au même moment, il menait un combat malheureusement perdu d’avance contre un implacable cancer. » (Pierre Sparacco)
Michel Polacco