Concorde en Essais….
12 janvier 2001 / Chroniques du cielLes semaines qui viennent seront déterminantes pour Concorde.
Maintenant que le scénario de la catastrophe du 25 juillet est établi, il reste à expliquer comment le feu s’est allumé, ainsi qu’à expérimenter les recommandations des experts français et britanniques qui travaillent depuis 4 mois. Experts dont plusieurs anciens ingénieurs à la retraite comme Henri Perrier ont repris du service, apportant leur expérience indispensable.
En gros, ils recommandent de s’assurer que, dans des circonstances semblables, la fuite de carburant soit considérablement réduite, ne provoquant pas en cascade l’arrêt d’un puis de deux réacteurs.
Jeudi, un Concorde d’Air France commencera à Istres des essais de roulage rapide sur la longue piste du Centre d’essais en vol. Pendant plusieurs simulations de décollage successives on projettera du liquide devant les réacteurs pour modéliser ce qu’ils absorbent.
Grâce à ces observations, chez Rolls Royce en Grande Bretagne, on fera ensuite des essais mais cette fois-ci avec du vrai carburant sur des réacteurs installés sur un banc au sol pour retrouver les conditions d’extinction des moteurs au mois de juillet.
Mi-février, un Concorde de British Airways avec des réservoirs renforcés de kevlar fera des essais en vol. Il s’agira de vérifier l’impact sur le fonctionnement du système d’alimentation en carburant, mais aussi, de voir l’incidence de cette modification sur le pilotage de l’avion.
En effet, le carburant dans les réservoirs de Concorde est toujours plus froid que la peau de l’avion en vol supersonique, et dans cette configuration, l’aérodynamique de l’avion permet que les gouvernes soient exactement alignées dans le profil des ailes.
Avec les réservoirs modifiés, si l’équilibre thermique change, les déformations de structures risquent d’être différentes, entraînant une modification de position des gouvernes, et peut-être des conséquences sur les performances.
Ces essais terminés, les experts se prononceront sur l’avenir de l’exploitation des Concorde.
Et là , se posera dans les compagnies le problème de la formation de nouveaux équipages, les anciens étant dispersés ou à la retraite, et pour ce faire, là encore il faudra faire appel, comme pour les ingénieurs, à d’anciens instructeurs qui reprendront du service pour former les nouveaux.
Ce qui fait dire avec émotion au chef pilote Concorde d’Air France, Edgar Chillaud, que pour remettre Concorde en ligne, en mémoire des disparus et au nom de la passion qui entoure toujours Concorde, on rejoue le scénario de l’excellent film « Space Cow-boy ».