Concorde, Enquête …
5 août 2000 / A la une
Intervention du samedi 5 Août 2000, journal de 13 heures de France Inter.
Les enquêtes-accidents sont un élément essentiel et fondamental de la sécurité du transport aérien et de l’aéronautique en général. C’est l’analyse des incidents, de préférence, ou des accidents, au pire, qui permet defaire progresser la connaissance et donc la sécurité.
Ce qu’on n’a pas su éviter par les études préalables, on le découvre au fil de l’exploitation des avions, aspects techniques évidemment, mais aussi aspects humains, facteur humain, comportement humain, au sol comme en vol pour les différentes catégories de personnel.
Tout cela débouche aussi sur la gestion de l’erreur humaine. On croyait possible de la supprimer, il suffisait de la sanctionner. On sait maintenant qu’il faut s’en contenter, l’admettre et donc l’apprivoiser, la gérer et s’organiser pour qu’elle n’ait pas de funestes conséquences.
Tout cela est le fruit de vingt ans de recherches sur la sécurité, cela a commencé aux Etats Unis pour la partie facteur humain.
En France, alors qu’autrefois l’accident était simplement considéré comme une fatalité, les passagers comme des aventuriers, l’enquête était uniquement destinée aux compagnies et constructeurs. Elle s’entourait de peu de formalités en garantissant l’objectivité. Elle était secrète, et tout allait bien ainsi jusqu’à la catastrophe d’Habsheim, l’Airbus A 320 tout nouveau. Mais le Monde avait changé, le transport aérien était devenu un droit, comme la sécurité. Enquête contestée, polémiques douloureuses, justice difficile à rendre. On en a tiré les conséquences.
Aujourd’hui l’enquête technique est bien encadrée de procédures juridiques en garantissant tous les aspects légaux. Elle est clairement destinée à améliorer la sécurité. Pas à trouver des responsables.
L’enquête judiciaire, à part, est plus lente et destinée à dégager les culpabilités, les indemnisations, les sanctions.
Tout cela, grace à un texte législatif qui a été adopté l’an passé, se fait dans la clarté.
L’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace a beaucoup contribué l’an passé, lors d’un colloque, à rapprocher les différents intervenants et la presse. L’objectif était que chacun puisse faire son métier et que cela profite à la sécurité.
Et l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace, basée à Toulouse a été créée par nombre d’anciens de Concorde, dont André Turcat, et Henri Perrier qui est aujourd’hui membre de la commission d’enquête … Encore un apport de Concorde !
Michel Polacco
