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Du Bonheur. Michel Serres. Michel Polacco
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Défendre la langue Française (Serres Polacco) Le Pommier Mai 2018
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Drones, l’aviation de demain par Michel Polacco. (Privat, Ed 2016)
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De Bonnes Nouvelles. Michel Serres et Michel Polacco. Toutes les Chroniques (+1 cadeau !) … Janvier 2021.

11 février 2021 / Chroniques du ciel


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« Pendant quatorze ans, en la compagnie amicale de Michel Polacco, j’ai tenté de décrire notre monde à la manière des peintres pointillistes. Voici en leur entier ces chroniques du dimanche.

D’un point de vue oblique, souvent inattendu, elles cherchent à passer partout, des sciences et des techniques aux usages familiers, du droit aux religions, des beaux-arts aux sports, et ainsi de suite. J’aurais dû intituler l’ensemble :  » Passe-partout  » ! Ainsi visité notre monde apparaît somptueusement nouveau. Or, la nouveauté engendre la joie, comme font l’aurore ou la naissance.

En leur temps et par leur style, ces chroniques plurent aux auditeurs, nous en eûmes mille témoignages ; reste à souhaiter aux lecteurs une même joie. »

Michel Serres

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De Bonnes Nouvelles (lien site éditions Le Pommier)

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Et pour les amateurs, la seule qui manque… Retrouvée trop tard pour être publiée : La Durée de la vie, la Longévité …. Avril 2005.

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Une exclusivité de mon site !

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Michel Serres. Michel Polacco : La durée de la vie, la longévité.

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Michel Serres bonsoir.

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Michel la semaine dernière nous parlions de l’identité et vous disiez, carte d’identité en main, que nous avons de multiples appartenance : sexe, adresse, prénom, taille, etc. Mais que cela ne constitue pas pour autant ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes.

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Ce dimanche parlons de la durée de la vie. Nos ancêtres vivaient 25 ou 30 ans et quelques rares d’entre eux, les plus sages, les plus savants, atteignaient des âges avancés comme Mathusalem. Mais aujourd’hui dans le monde riche, la science et le confort aidant, l’âge de la vie augmente, parfois à grand pas, certaines années on gagne trois mois voir plus, et récemment L’INED, l’Institut National d’Etudes Démographiques, nous a appris que la moyenne a dépassé en France 80 ans. Soit 76 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes et ça peut continuer. Toujours plus, mais il y a quand même aussi des limites, Michel Serres ?

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Il y aura certainement des limites, mais ça continue, et ça continuera certainement à certaines conditions et que nous allons définir. Je crois qu’en effet cette augmentation de l’espérance de vie donne des résultats et des obstacles financiers. Et récemment, sur ces mêmes ondes, Emmanuelle Daviet avec beaucoup de précision, nous avait instruits des questions concernant le paiement des retraites dans les maisons de retraite, dont une loi fait obligation aux enfants de partager le poids. Et cela pose à la fois des problèmes éthiques : quelle est la responsabilité que nous avons par rapport à nos vieux parents ?, et puis des problèmes financiers. Car dans cette émission, Emmanuelle Daviet signalait que dans certains cas, certains parents ne pouvaient pas payer les études des enfants à cause de cette responsabilité, disons antérieure et non pas postérieure. Alors cette espérance de vie allongée, dont vous parlez, doit d’abord être remise dans son contexte historique. Et vous aviez raison de dire en commençant, Michel, que, Yves Coppens  aurait dit par exemple que, et il dit souvent, que le problème n’est pas de savoir comment l’homme de Neandertal est mort, mais comment, au contraire, Homo Sapiens a survécu ? Parce que l’espèce est si fragile, et l’environnement était si dur, que à cette époque dès qu’une femme ou dès qu’une jeune fille avait ses règles, il fallait aussitôt qu’elle soit enceinte pour pouvoir perpétuer la race. De sorte que l’espérance de vie pouvait être de 15 ou 20 ans, de 18 ans, et elle a mis un temps fou à augmenter vraiment. Par exemple, nous avons des textes au 18° siècle, un texte de Marivaux dans « les caprices de Marianne Â», ou son interlocuteur dit à Marianne, « Madame, vous avez 16 ans, il ne vous reste plus que 6 ans pour être aimée, 6 ans pour aimer, et peut-être 3 ans pour recommander votre âme à Dieu Â» ! Vous voyez que l’espérance de vie d’une femme fin 18° siècle était de 32 ans, – à la quarantaine c’était une vieille- écoutez il y a un roman de Balzac qui s’appelle « la femme de 30 ans Â», et la femme de 30 ans à cette époque là est considérée réellement comme quelqu’un de relativement vieux et proche de la tombe. Aujourd’hui, une femme de 30 ans est une jeune femme, etc. Par conséquent nous sommes tout d’un coup, à partir du 19° siècle, au milieu du 19° siècle, l’espérance de vie a commencé à croître de façon phénoménale et récemment de manière verticale. Et ça vous avez raison de le dire, sous certaines pressions, c’est-à-dire la médecine, la réussite de la médecine, l’absence de douleurs, les maladies un peu moins longues, l’augmentation du confort, de l’alimentation des enfants et surtout le fait que les femmes ne perdent plus leurs enfants à la naissance. C’est-à-dire la mortalité infantile – a beaucoup régressé– oui a beaucoup régressé, c’est-à-dire médecine publique et mortalité infantile. –Mais cela dit tout cela n’est pas comme ça partout dans le Monde. Parce que l’Afrique, l’Asie, ne voient pas la même chose –Voilà, il y a au moins 3 cas, aujourd’hui : à cause de l’augmentation de l’obésité, c’est la première année que les Etats-Unis d’Amérique voient leur espérance de vie baisser, –il faut qu’on se méfie– il faut qu’on se méfie, parce que chez nous l’obésité croit dans des proportions vraiment inquiétantes, la Russie, elle-même, ou l’Union Soviétique d’autrefois, n’avait pas une espérance de vie très haute, et en effet le tiers Monde a une espérance de vie très basse. Ce qui fait une rupture réelle très très forte entre les dieux dont autrefois les Grecs disaient qu’ils étaient immortels, et les mortels soumis à cette obligation horrible d’une mort précoce. –Mais Michel Serres, cela veut dire qu’il va y avoir de plus en plus de sages, c’est-à-dire de gens qui sont âgés et donc savants ?– Beaucoup plus de vieillards en effet qui ont de l’expérience et beaucoup de mémoire. Et du coup, la transformation de la société ne va pas toucher seulement l’économie, les professions ou les finances. Ca va toucher profondément les mentalités. Et je vais vous donner 3 exemples de ce bouleversement des mentalités. Autrefois, c’est-à-dire assez récemment, lorsqu’un couple se mariait, et il se mariait souvent avec deux âges différents, 40 et 20 ans, on se jurait fidélité constante. Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Ca voulait dire que le mari qui avait 40 ans jurait fidélité pour 5 ans ! Aujourd’hui, –allez 10 ans, 20 ans !– Allez 10 ans ! Tandis qu’aujourd’hui, si un jeune homme et une jeune fille se marient à 25 ans, ils se jurent fidélité pour 60 ans ! Ca change complètement l’idée du mariage, le projet du mariage, et le mariage lui-même. Regardez par exemple le héros qui donne sa vie pour sa patrie. Il donne sa vie pour sa patrie entre 18 et 20 ans, autrefois quand il donnait sa vie, il donnait 5 ans, il donnait 10 ans. Maintenant, un héros qui mourrait à 20 ans donnerait 60 ans, 70 ans de sa vie ! Encore un coup : l’héritage, « les grandes espérances Â» dont parlait Dickens. Eh bien, on recevait l’héritage entre 25 et 30 ans. Parce que le père mourait entre 40 et 50 ans. Et voilà que tout d’un coup, on attend l’héritage jusqu’à 70 ou 80 ans ! On n’en a plus beaucoup de bénéfice, voyez ! Donc les mentalités, tout d’un coup, et les institutions elles-mêmes, –On voit les lois sociales qui changent, pour enlever de l’argent aux vieux pour le donner aux jeunes !– Complètement. C’est-à-dire que tout d’un coup, la société elle-même a changé, dans ses institutions et ses mentalités. Et c’est pourquoi je voudrais finir par un message décisif : C’est-à-dire, aujourd’hui, la tranche d’âge qui est en train de croître, la tranche des vieillards, qui ont de l’expérience et de la mémoire, aujourd’hui, je pense, elle est chargée de façon décisive de la responsabilité de la transmission culturelle. Pourquoi ? Parce que les institutions chargées aujourd’hui de l’enseignement ou de la pédagogie, sont sous la pression constante de la profession et du métier. –de l’utilité !– C’est ça ! C’est-à-dire il faut apprendre pour être pratique et utile, tout de suite. Et du coup, la culture qui est une affaire à long terme, à moyen et long terme, est de moins en moins transmise, et du coup, je crois, que la chance des vieillards aujourd’hui, et la chance de la société, c’est que les vieillards par rapport à elle, sont chargés je crois d’une façon tout à fait nouvelle de la transmission réelle de la culture.  â€“Donc nous aurons de plus en plus besoin de nos « Oncle Paul Â» dont nous relirons les plus belles histoires et de nos oncles Michel. Merci Michel Serres, merci Oncle Michel, bonsoir et à dimanche prochain -. Merci !

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Enregistré en Avril 2005.

Et vous pouvez l’écouter, toujours en exclusivité sur mon site !

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Michel Polacco