Handicapés volants
19 janvier 2001 / Chroniques du cielL’aviation est un moyen de transport, c’est aussi un loisir aux fortes vertus morales ou psychologiques. Ainsi, pratiquer l’aviation, c’est s’astreindre à des efforts de connaissance, de maîtrise de soi, et cela reste toujours emprunt d’une notion d’exploit et de dépassement dans notre imaginaire.
C’est plus encore le cas pour les handicapés qui pratiquent : Parachutisme, ULM, avion, certains d’entre eux font des efforts considérables pour accéder comme les autres à cette compétence et être adoptés par une famille qui a ses solidarités.
Qui sait qu’il y a en France une dizaine de club d’aviation qui permettent à des handicapés moteur de passer leurs brevets comme tout le monde, sur des avions modifiés ?
Depuis 1976, la législation permet à certains d’entre eux de se présenter aux examens du brevet de pilote privé. C’est courrant aux Etats Unis, rare en Europe, sauf en France et en Grande Bretagne.
Le plus célèbre club a été créé par le mécène Paul Louis Weiller, il y a près de 30 ans sur l’aérodrome des Mureaux près de Paris. Une trentaine de pilotes en France détiennent un brevet, une quinzaine d’avions modifiés sont disponibles, et les pratiquants, comme la jeune Dorine Bourneton y trouvent un moyen d’insertion fantastique pour ceux qui vivent sur une chaise et qui parviennent à vaincre toutes les difficultés qu’on imagine.
Les handicapés des membres inférieurs peuvent voler sans restriction sur des avions adaptés, pour d’autres, il est nécessaire d’être accompagné d’un second pilote.
Restent posés des problèmes de réglementation trop contraignantes, et d’avions trop peu nombreux. Et bien sûr l’argent. Patrick Segal, le délégué interministériel pour les personnes handicapées semble prêt à soutenir le projet de développement d’un avion par le constructeur Christophe Robin, appareil mixte et facilement modifiable permettant à nombre des 500 clubs français non spécialisés, d’accueillir des handicapés moteur.
Mais il n’y a pas que les handicapés moteur. Les aveugles des «Mirauds volants» basés à Auch volent accompagnés mais rêvent d’instruments sonores compensant leur cécité. Et puis il y a les sourds qui dans certains pays peuvent aussi voler.
Tout cela ne doit pas faire sourire, c’est le témoignage du courage, de l’ambition, du travail, pour ceux qui sans se plaindre se cherchent des challenges. Les technologies disponibles, comme les commandes de vol électriques, nous réserveront certainement dans les années qui viennent d’étonnantes surprises.
Michel Polacco . . . .