L’oeil de Ramses
1 décembre 2002 / Chroniques du cielMieux appréhender les marées noires grâce à des satellites radars et peut être un jour identifier et sanctionner les navires pollueurs. C’est l’objectif du programme RAMSES, lancé il y a 4 ans, par Bruxelles et l’Agence Spatiale Européenne. Un programme centré, dans un premier temps sur la Méditerranée en raison de sa fragilité et de la multiplication des dégazages. Les dégazages représentent chaque année, 200 fois, la pollution de l’Erika. La Méditerranée est une mer fermée où la pollution ne s’évacue pas.
Bertrand de Hauteclocque, est responsable du programme RAMSES chez EADS Systems-Défense-Electronics.
«Une mer polluée réfléchit une onde radar différente d’une mer polluée. On dit une mer d’huile, la signature radar est pratiquement nulle sur une mer plate, polluée à la différence d’une mer un peu agitée. Ces informations sont analysées et décryptées par des experts puis envoyés aux différents pays partenaires qui utilisent ce service. En cas de pollution, les autorités sont immédiatement informées soit par fax, par Internet ou par téléphone portable».
La France, l’Italie, l’Egypte, le Maroc et Malte ainsi que plusieurs entreprises se sont associés au développement de ce programme. Pour l’heure, les informations transmises par RAMSES s’appuient sur les observations de trois satellites, deux de l’Agence Spatiale Européenne, ERS, Envisat et Radar Sat, un satellite canadien. Ces observations viennent compléter celles effectuées localement par les avions de surveillance des gardes côtes. Les systèmes sont complémentaires.
«Le satellite a une couverture beaucoup plus grande qu’un avion, il couvre une zone plus large, il coûte beaucoup moins cher, il peut couvrir avec une seule image une surface de 300 kilomètres carrés, la zone de l’avion est plus réduite, par contre l’avion donnera une meilleure définition, il est moins haut que le satellite, ceci dit le problème de définition n’est pas majeur pour une nappe de pétrole.»
100 millions d’euros ont déjà été consacrés au programme.A terme, il pourrait être étendu à la Manche, la Mer du Nord ou l’Atlantique avec de nouvelles applications. A peine né, RAMSES a déjà un successeur, CLEOPATRA.
« Un des gros intérêts du satellite, c’est qu’il peut faire un meilleur suivi des nappes de pétrole, mais aussi à l’aide de satellites météorologiques fournir des données qui viendront alimenter un modèle de prévisions. Un modèle qui simulera la dérive de la nappe de pétrole dans les 12, 24 ou 48 heures et indiquer avec une bonne probabilité quelles sont les côtes qui sont menacées dans cet intervalle de temps. »
Télégrammes :
Intelsat a annoncé la rupture du contrat qui le liait à Astrium. Selon l’opérateur de satellite américain, cette décision découlerait d’un retard de 240 jours dans la livraison du satellite. Mais certains estiment que cette décision est essentiellement politique, l’Américain ayant des vues sur le concurrent d’Astrium, Eutelsat, dont les principaux actionnaires sont vendeurs. Astrium s’est refusé à tout commentaire.
Malgré une faible part dans le secteur des télécommunications, la production des satellites de télécommunications connaît une progression annuelle de 5 à 7 %. C’est la raison pour laquelle la France s’est lancée, il y a huit ans, dans le programme Stentor (satellite de télécommunications pour exprimer de nouvelles technologies en orbite). Ce programme, dont la responsabilité est assumée par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), est cogéré par Alcatel Space et Astrium, concepteur de l’avionique. Certains industriels européens ont également contribué à hauteur de 15 % au financement total de ce programme, estimé à 385 millions d’euros. Ce satellite, dont le lancement, prévu initialement en 1999, est toujours en suspens, devrait emporter avec lui un nombre important d’équipements inédits. Sur la plate-forme, on pourra en effet découvrir la propulsion plasmique, technique qui permet de positionner le satellite en orbite, les batteries lithium-ion dont Stentor est le premier à en être équipé. Les panneaux solaires et le contrôle thermique seront eux aussi équipés de technologies innovantes. Il devrait également être muni d’un équipement baptisé EHF qui testera la propagation de signaux dans des bandes de fréquences élevés, très convoité par les armées et le gouvernement. Stentor vise enfin à promouvoir des solutions applicables pour le multimédia, comme l’Internet haut débit dans les avions ou encore la télé-médecine.