Médias et sécurité
22 novembre 1998 / Chroniques du cielL’Académie Nationale de l’Air
et de l’Espace ne siège pas à Paris, mais à Toulouse. Rien
d’étonnant !
Chaque année elle organise des
rencontres et des colloques, qui débouchent sur des publications
et des recommandations très écoutées vu la notoriété des
académiciens, tous de grands professionnels comme le créateur
de l’académie, le célèbre pilote d’essais de Concorde, André
Turcat.
Ce jeudi, une centaine
d’académiciens et leurs invités discutaient de la place des
médias dans la sécurité aérienne. Si certains ont critiqué
la manière dont ils rendent compte des événements, tous
pensent qu’ils peuvent jouer un rôle positif. On sait qu’avec
l’augmentation du trafic et à taux de sécurité égal, il y
aura deux fois plus d’accidents dans cinq ou dix ans, un par
semaine.
Si cette « fatalité »
était admise autrefois, ce n’est plus le cas. L’aviation n’est
plus celle des aventuriers, les passagers veulent la sécurité
totale. C’est certainement impossible mais on peut faire mieux.
En matière de terrorisme, par
exemple, le juge Bruguières, qui est lui-même un
aviateur, demande aux médias de faire preuve de discernement et
de responsabilité. C’est sur l’attitude des médias que tablent
les terroristes. De même, en mettant l’accent sur le succès des
enquêtes dit le juge, on décourage les terroristes, c’est de la
prévention. Il souligne aussi le rôle des médias pour soutenir
les associations de victimes.
De son côté, le commandant
Doguet, d’Air France, insiste sur la bonne exploitation de
tous les incidents et sur la nécessité de communiquer cette
expérience à l’ensemble des acteurs du transport aérien,
aéroports, contrôleurs, navigants et là encore, la presse a
son rôle à jouer.
Paul Arslanian, le Directeur du
Bureau Enquête Accident a confirmé que la nouvelle loi
juste élaborée lui donnera le droit d’informer, cela en
réponse à un reproche unanime des journalistes et des
associations de victimes, comme l’association Echo, créée
après l’accident d’Airbus de Strasbourg.
On a pu entendre jeudi des
représentants de l’Aviation Civile, du bureau de sécurité
américain, des constructeurs, des compagnies d’assurance et des
syndicats de pilotes. Pour tous il est clair qu’il faut plus de
transparence, même si c’est difficile tant les intérêts sont
parfois divergeants. Néanmoins, tous sont convaincus qu’en
informant mieux, on peut améliorer la sécurité. La pression du
public et des médias étant parfois nécessaires pour faire
bouger les choses.