PASCAL-BONETTI
1 juillet 1997 / Textes et poèmesLA CHANSON DES NOCHERS* DE L’AIR
[…]
Nous ne savons plus rien des faiblesses des hommes,
Rien de leurs gestes fous, rien de leurs mots menteurs,
Le murmure des vents, le chant de nos moteurs,
Sont le seul bruit perçu dans l’espace où nous sommes
En voyant nos regards où flambent nos orgueils,
Les aigles attardés qui regagnent leurs aires
Disent entre eux : « Fuyons, ce sont les Téméraires. »
Nous sommes les nochers* de la mer sans écueils.
[…]
Quand penchés sur les bords de nos vaisseaux ailés,
Nous regardons peiner les foules dans les villes,
Nous plaignons les efforts, les besognes serviles
Et les rêves rampants des siècles en allés.
[…]
Et si toujours plus haut nous entrons dans les cieux,
C’est qu’un désir ardent bouillonne dans nos moelles :
Aborder, quelque jour, sur l’une des étoiles,
Pour, n’enviant plus rien, nous croire enfin des dieux !
* signifie ici : les pilotes, par analogie avec le terme italien poétique employé pour « capitaine d’un vaisseau ».
Référence : extrait "Les Ailes". Edition Per Orbem. 1928. Don du libraire Le Carreres 21 rue Mayet, 75006 Paris