Super Guppy et Beluga (redif 28/5/00)
12 août 2000 / Chroniques du cielDepuis quelques années dans le ciel européen, les observateurs attentifs peuvent voir voler un avion gigantesque avec une énorme bosse sur le dos et deux réacteurs sous ses ailes : c’est le Béluga ou encore l’AST, l’Airbus Super Transporteur, un avion qui sert essentiellement à alimenter les chaînes d’assemblage d’Airbus à Toulouse avec les pièces construites un peu partout en Europe.
Il y en a maintenant 4 et bientôt un 5ème. Ce sont des prototypes construits à Toulouse par une filiale d’Airbus à partir d’un modèle d’A 300-600. Mais le Beluga est régulièrement affrété, lorsqu’il est disponible, pour des transports de charges très volumineuses. Son volume est 4 fois celui de la cabine du 747 et 2 fois celui de l’Antonov 124 géant.
Mais cet avion a une histoire qui est née avec celle de la conquête spatiale, et même de la conquête de la Lune. Pour répondre aux besoins de Werner Von Braun, à l’époque, un avion était nécessaire pour transporter les éléments de fusée des constructeurs de la côte Ouest des Etats Unis vers Cap Kennedy. Un Boeing Stratocruiser B 29 réformé a été transformé et comme la femelle poisson d’aquarium au gros ventre il fut nommé Guppy. Puis trop petit, le modèle suivant s’est appelé Super Guppy.
Lors du programme Concorde, le même problème existait pour transporter les éléments de l’avion produit par les différentes usines. 2 exemplaires ont été achetés par Sud Aviation, puis les ateliers d’UTA en ont construit 2 au Bourget. Mais avec les études, les essais, les délais étaient passés, et en fait c’est pour le programme Airbus que les avions ont servi.
Et puis avec le temps, trop anciens, et même trop petits, car les modèles d’Airbus grossissaient, ils ont été réformés et remplacés par le Béluga.
Certains pilotes de ligne les croisant dans le ciel ont parfois cru et annoncé avec surprise qu’ils venaient de croiser un dirigeable !
L’histoire des Guppy, super Guppy les ancêtres du Béluga est très bien racontée par Daniel Méchain, chef des mécaniciens navigants de cette flotte, dans un livre récemment publié aux Editons Cépaduès à Toulouse. Encore une passionnante et sympathique contribution à l’histoire de l’aviation, pleine d’anecdotes.